Alexandre Mars, le « French Bill Gates »


Parce que la dimension d’impact des médias est l’un des enjeux principaux de la Chaire, c’est à l’occasion d’un petit déjeuner que nous recevions le mardi 6 février dernier Alexandre Mars, homme d’affaires et philanthrope français, fondateur et CEO d’EPIC.


Fort de sa double culture franco-américaine héritée de ses parents, Alexandre Mars a toujours eu l’ambition et l’envie d’aider les autres ; pour lui, c’est une norme.


À 17 ans, pensant que l’argent ne doit être qu’un moyen pour faire ce que l’on veut de sa vie, il fonde sa première entreprise spécialisée dans l’organisation de concerts. C’est de là qu’il tiendra son goût pour l’entrepreneuriat… et ses premiers ordinateurs.


Dans les années 90, à 20 ans, il comprend qu’internet représentera le futur, et il apparaît très vite aux USA comme un expert du digital, en pleine bulle internet.


À son retour en Europe avec sa femme, Alexandre Mars prend conscience cette fois de l’intérêt du mobile, voyant l’archaïsme du système américain en la matière. En 2002, il crée Phonevalley, agence mobile. En 2004, le marché s’ouvre, puis Steve Jobs annonce l’iPhone en 2006 ; Phonevalley obtient alors de nombreuses offres de rachat, dont Publicis.


En parallèle (2007-2008), Alexandre Mars se rend compte de l’intérêt des medias sociaux. Fort de ce constat, il crée Scroon, système de social media management. Twitter annonce alors s’introduire en bourse, et BlackBerry rachète Scroon en 2013.


Tout au long de sa carrière business, Alexandre Mars aura eu à cœur de ne gagner de l’argent que dans le but de le consacrer aux autres. C’est en 2014, avec la création d’EPIC Foundation, qu’il concrétise cet objectif.

EPIC : POUR QUE LE DON DEVIENNE LA NORME

Convaincu que la technologie et les medias sont des outils essentiels pour connecter les gens avec le bien social, c’est au retour d’un tour du monde qu’Alexandre Mars fonde EPIC, fondation philanthrope destinée à mettre en lien les jeunes entrepreneurs fortunés avec des organisations caritatives.

Il se rend alors compte qu’il y a un triple problème concernant les organisations sociales en France : le manque de confiance, de temps, et de connaissance de la manière de faire des dons de la part des potentiels donateurs.

Alexandre Mars dresse cependant deux constats :

1. Les gens veulent donner mieux

C’est pourquoi EPIC propose de s’ériger en Moody’s de la philanthropie, en dressant chaque année un « palmarès » des organisations sociales, pour aider à donner mieux, selon 45 critères (impact social, leadership, gouvernance…). Dans leur portefeuille, on trouve autant d’organisations proches de nous que dans les pays en développement.

EPIC propose en outre de suivre l’impact de son don, grâce à la technologie ; il est possible par exemple de constater combien d’enfants ont pu recevoir un vaccin en Afrique de l’Est grâce à son don. EPIC fait de plus le pari de la réalité virtuelle puisqu’il est également possible de voir en direct l’action faite sur place.

Il s’agit donc d’une disruption globale dans le modèle des fondations, en particulier du point de vue technologique… le tout gratuitement : Alexandre Mars investit de sa propre poche.

2. Les gens veulent donner plus

L’époque charnière dans laquelle nous vivons est une chance pour EPIC : rien n’est auto-centré pour cette nouvelle génération qui a fait du partage sa marque de fabrique (opensespace, sharing economy).

Alexandre Mars a alors souligné l’importance du rôle des patrons dans ce mouvement. Il distingue d’ailleurs les activistes du bien social (ils cherchent à toujours faire plus, même si cela doit leur coûter beaucoup), les « oncles Picsou » (il y a 10 ans, c’étaient des stars, mais leur temps est révolu), et les pragmatiques (bons par nature, ils cherchent à créer du sens dans leur travail, et pour leurs employés, sincèrement).

Aussi, pour que le don devienne une seconde nature, Alexandre Mars a listé les actions concrètes à la portée des patrons, pour leurs employés et leurs clients :

  • L’arrondi sur le salaire, qui consiste à proposer aux salariés de donner ce qu’ils veulent de leur salaire après la virgule. L’Oréal a par exemple déjà adopté cette pratique.

  • L’arrondi à la caisse, qui repose sur le même principe, en proposant à l’euro supplémentaire à la caisse d’un restaurant ou d’un magasin pour en faire un don. Cette pratique existe déjà chez Franprix, Sephora, ou encore Maison du Monde.

  • La promesse de don sur ses actions, qui consiste à décider qu’une fraction de son futur succès ira à une organisation sociale.

En ce sens, la perception ancienne de l’entrepreneuriat social (travail à mi-temps, salaire trop bas, réservé aux femmes avec enfants…) est en train de disparaître. Le secteur peut aujourd’hui se targuer d’être aussi attractif que d’autres, même s’il faut encore et toujours convaincre de son bien-fondé. À ce sujet, les Etats-Unis ne sont pas forcément plus avancés que la France : il y a une culture de l’entrepreneuriat social dont on peut être fiers dans de très nombreuses grandes écoles. Mais les challenges restent nombreux : si l’on veut faire du don la norme, il faut que le message passe. EPIC est un mouvement, auquel tout le monde doit pouvoir participer.

Aussi, quel sera le nouveau challenge d’EPIC lorsque le don sera devenu la norme ? L’avenir nous le dira. À chaque génération ses changements de mentalité, et donc ses nouveaux défis.

Plus d’informations sur le site de la fondation.