Laura Freydier Dubreul

Interview de Laura Freydier Dubreul, International Sales Manager chez Glance et ancienne étudiante de la chaire Média et Digital (promo 2017-2018) :

  • Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?

J’ai obtenu mon 1er poste en CDI il y a 2 ans, en mars 2020 chez Glance, le département international de Médiamétrie. Glance a accès à toutes les données d’audience internationales. Nos analystes compilent et retraitent les données pour apporter un éclairage sur les contenus et les audiences aux professionnels du secteur. Mon rôle consiste à comprendre le besoin de nos clients et à assurer le développement et la commercialisation de nos études et services.


  • Quelles sont tes missions chez Glance ?

Chez Glance, je gère un portefeuille de clients, tous basés aux USA, Canada ou en Amérique Latine. Au sein de ce portefeuille, il y a aussi bien des producteurs et des distributeurs que des chaînes TV ou encore des studios. Et mes missions ne s’arrêtent pas là puisque je fais également de la prospection : je participe notamment aux marchés TV internationaux (MIPTV, MIPCOM) afin de promouvoir nos services. Ces missions exigent d’être constamment au fait des évolutions et des tendances au sein des marchés TV dont je suis responsable pour répondre aux nouvelles problématiques de nos clients et adapter notre offre.


  • Qu’est ce qui t’a poussé vers ce métier?

J’ai construit mon parcours au fur et à mesure de mes différentes expériences. Cela n’a pas été une voie toute tracée mais l’approche client a toujours été le fil conducteur.

A mon entrée à l’ESSEC, je voulais travailler en marketing, dans la grande consommation. Dans cette logique, j’ai réalisé un premier stage en tant qu’Assistante Market Research chez Nielsen. Ce stage m’a permis de me rendre compte de ce que j’aimais et de ce que je souhaitais retrouver dans mes futurs jobs : une dimension client et l’univers de la data. J’ai également compris que ce ne serait en revanche pas dans le secteur de la grande consommation.

En parallèle de cela, en 1ère et 2e années, je faisais partie de l’association Musical, au sein de laquelle un certain nombre d’étudiants avaient intégré la chaire Média (ou avaient pour projet de le faire). Je m’y suis intéressée de plus près et j’ai réalisé un stage chez Hill Valley, une agence de placement de produits. Cette fois, je devais faire preuve de plus de créativité : je travaillais sur la conception de partenariats entre les marques et les films lors de leur sortie en salle – je cherchais à créer du sens, entre la vision artistique d’un film et la stratégie marketing d’une marque.

Ensuite, j’ai intégré la chaire et j’ai réalisé mon stage de fin d’études au sein de l’équipe New Business de l’agence de publicité Rosapark (aujourd’hui nommée Rosa Paris), afin d’approfondir la dimension créative qui m’avait plu chez Hill Valley. Ce stage passionnant m’a donné l’occasion d’être au cœur des appels d’offre, de participer à l’élaborations de recommandations stratégiques et de rédiger des briefs et des propositions commerciales.

Finalement, c’est grâce à la Chaire et à la diffusion de l’offre Glance que j’ai obtenu mon premier emploi. A la lecture de l’offre, je me suis dit: “c’est ça !”, tout ce que je recherchais était présent: une approche client, une dimension internationale, les médias et la data. Je suis très reconnaissante envers la Chaire et envers Judith pour m’avoir permis de saisir cette opportunité.


  • Avec les changements de mode de consommation des médias traditionnels (TV), comment réussir à s’adapter pour mesurer le plus finement possible les audiences ? Quelles sont les innovations en termes de mesure d’audience actuellement ?

En ce moment, le marché est bouleversé par le digital et le streaming. La mesure TV linéaire est une mesure historique et bien cadrée, il existe un institut référent dans chaque pays, reconnu par tous les acteurs du secteur : Nielsen aux USA, Kantar en Amérique Latine, Médiamétrie en France, etc.

Avec l’arrivée du streaming (Netflix, Amazon, Apple...) se pose la question de la mesure d’audience de ces plateformes et de leurs usages. Ces géants du digital ne partagent que très peu les données réclamées par le marché et il existe des instituts qui ont développé des méthodes alternatives permettant de capturer une partie de la consommation liée au streaming.

Chez Glance, nous nous tenons continuellement informés de ces mesures alternatives, qui sont désormais au cœur des problématiques de nos clients. Si notre business historique se base sur la mesure du linéaire, nous avons à cœur d’innover et de nous adapter à ces changements.

Aux USA par exemple, les clients demandent de plus en plus de données sur la SVOD et l’AVOD. Cependant, les innovations des mesures d’audience sur l’AVOD ou les FAST channels sont encore au stade embryonnaire. Concernant la SVOD, nous proposons de plus en plus de données sur le sujet, notamment via nos partenariats. Aux USA et en Grande Bretagne par exemple, les instituts ont développé une mesure proche de celle de la TV linéaire mais adaptée à la SVOD.


  • Pourquoi avoir choisi de te concentrer sur le marché international et pas le marché français ?

J’aime travailler avec d’autres nationalités pour comparer les cultures professionnelles. De plus, en travaillant avec les USA, je suis au plus proche des nouvelles tendances et usages TV car c’est de là que partent la plupart des innovations. Plus on s’en rapproche, plus on peut anticiper les tendances. Mon travail me permet également de voyager et de réaliser des missions à l’étranger, à raison de 3 à 4 fois par an environ (en période hors COVID) : je suis amenée à me déplacer à Los Angeles, New York, Cancun…


  • Qu'est-ce qui t'a poussé à rejoindre la chaire et qu'en as-tu retiré ?

Premièrement, d’un point de vue académique, la chaire a été la meilleure chose de tout mon parcours à l’ESSEC, entre les conférences, les rencontres avec les professionnels et les cours. La chaire m’a permis de découvrir une multitude de secteurs, de développer une expertise sur les médias et d’apprendre à faire le lien avec le digital.

Ensuite, la chaire m’a permis de rencontrer des gens passionnés. J’ai rencontré des professionnels et des étudiants qui avaient plein de projets et d’enthousiasme pour l’industrie et ses évolutions et c’était un vrai plaisir d’échanger avec chacun d’entre eux.

Les gens, le programme et le métier que j’ai en ce moment : des opportunités, des souvenirs et des rencontres grâce à cette chaire !


  • Quel est ton meilleur souvenir de la chaire ?

Difficile de choisir... Le voyage de chaire reste un moment clé. Je me souviens particulièrement bien de notre visite chez DreamWorks : on y avait rencontré un Français qui travaillait dans l’animation et qui nous avait montré les différentes étapes d’animation du film “Dragons”. Il nous avait notamment expliqué les différentes étapes de réalisation d’un personnage animé : une équipe est responsable de la réalisation de la peau des personnages, une autre de leurs poils, leurs os,… Son quotidien m’a semblé si loin de ce qu’on vivait en école de commerce. J’ai trouvé cela assez fou, ça m'a vraiment marqué. J’ai également adoré participer au festival de Cannes - ça fait vraiment partie de ces moments où on se dit: “Wow, mais qu’est-ce que je fais là ?”.


  • Quels seraient tes conseils pour les étudiants de la chaire ou ceux intéressés ?

Pour les personnes intéressées par la chaire : Le processus de sélection peut être assez stressant, il faut se dire que ce n'est pas rédhibitoire de ne pas encore avoir de projet professionnel précis. Ce qui est important, c’est de montrer sa curiosité, sa motivation et son envie d’en apprendre plus sur le secteur car on se construit justement grâce à la chaire.

Pour les étudiants qui ont intégré la chaire : Profitez de cette belle expérience et gardez contact avec vos camarades de promo !


  • Un conseil pour ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire en sortant de l’ESSEC ?

Il faut rester ouvert à tout type d'opportunités, il ne faut pas avoir peur d’avoir un périmètre de recherche assez vaste. Quand je cherchais mon premier poste, je regardais des choses assez différentes (Tiktok, Deezer, Glance) et je considérais surtout les missions proposées. Ce qui fait qu’un job est intéressant, ce sont les missions mais aussi l’environnement de travail. J’ai eu des expériences très différentes pendant mes stages mais je ne le regrette pas du tout, au contraire : cela m’a permis d’affiner mes recherches et de trouver ce que je voulais.

Ce qui est important, c’est la manière dont tu racontes ton parcours, c’est l’histoire que tu retraces. Mon stage chez Nielsen par exemple, bien qu’en grande consommation, m'a servi à intégrer Glance. Il y aura toujours des points clés à chaque étape de ton parcours que tu pourras valoriser et mettre en avant. Ce n’est pas grave si ce n’est pas le même secteur, ni les mêmes missions.


  • Quelle est la question que tu aurais voulu que je te pose ?

Concernant mes souvenirs de la chaire, j’aimerais aussi revenir sur le mémoire (sujet : comment les GAFA font converger publicité et transactionnel avec le social shopping ?). Au niveau académique, le travail sur le mémoire était très intéressant et structurant. J’ai travaillé en binôme, ça s'est très bien passé et ça reste un des projets de groupe les plus sympas à faire. Le fait d’être coachée par Judith et de pouvoir rencontrer des professionnels sur un projet précis était enrichissant et m’a permis de développer une vraie expertise. De plus, pouvoir se rendre dans les locaux de TF1 pour présenter son travail, c’est assez mémorable. Enfin, le fait de diplômer en ayant fait un mémoire, c’est plutôt cool !