Bilan: les femmes dans le cinéma français

Par Cindy N’Diaye

2019 s’achève. On ne le répétera jamais assez mais cette année a été particulièrement riche en rencontres pour nous, membres du média TEMPO ESSEC et de la promotion 2019 de la Chaire Média & Digital. Pour vous faire comme un dernier signe de la main avant de passer le flambeau de la rédac’, on s’est dit, avec une grande partie de l’équipe, qu’il était important de vous partager un dernier billet sur un sujet qui nous tient à coeur :

La place des femmes dans les médias

Mais plus exactement (maintenant que j’ai retenu votre attention avec une belle tagline un peu catchy) la représentativité des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle.

Au détour des rencontres avec des professionnels du son et de l’image, nous avons réalisé que nous avions plus de facilité à recueillir des retours d’expérience sur le sujet, donc du contenu qualitatif (merci Lauren Bastide, co-fondatrice de “Nouvelles Ecoutes” à l’origine du podcast « La Poudre » ou Daphné Leblond, co-auteur du documentaire « Mon nom est clitoris » pour ne citer qu’elles !), que du contenu quantitatif, autrement dit de données statistiques.

Ceci jusqu’en mars dernier, lorsque le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), administration placée sous l’autorité du ministre de la Culture et de la Communication, a publié « La place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle », une étude réalisée entre 2008 et 2017, dans laquelle sont analysés tour à tour les effectifs féminins présents au sein du CNC, dans la réalisation de film, et dans les différents métiers de la production.

Interview de Lauren Bastide en mai 2019 par Glow&Slay

Teaser du film « Mon nom est Clitoris », voir notamment l’article de Paris Match sur ce documentaire.

En synthèse ? Les Françaises se font une place dans le milieu : des effectifs et des projets en hausse…

Le CNC présente des résultats positifs concernant l’évolution de la présence des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle.

  • Avec près de 51%, les femmes représentent plus de la moitié des effectifs dans le cinéma. Sur la période de 2007-2016, les effectifs féminins ont progressé de 6,6% alors que ceux des hommes sont restés stables (+0,7%).

  • Dans la production audiovisuelle de fiction, les femmes représentent environ 42% des effectifs. Avec un total de 84 000 femmes actives, les effectifs féminins enregistrent aussi une hausse significative sur la période 2007-2016 : de 4,6% plus précisément, contre une augmentation de 2,5% pour les hommes.

  • La part des films français agréés et réalisés (ou co-réalisés) par des femmes est en constante progression. En 10 ans, il a été observé que le nombre de films réalisés par des femmes était passé de 43 en 2008 à 70 en 2017, enregistrant ainsi une augmentation d’environ 62%. Sur la même période, en comparaison, l’augmentation des films réalisés par des hommes était de 32%.

  • Dans cette dernière décennie, est apparue une nouvelle génération prolifique de réalisatrices de longs métrages. Le point commun entre Sophie Letourneur, Amanda Sthers, Hélène Cattet, Fanny Ardant, Aida Bagic, Valérie Donzelli, Pelin Esmer, Katell Quillévéré, Rebecca Zlotowsky et Axelle Roppert, est qu’elles ont toutes réalisées au moins 3 films entre 2008 et 2017. On compte 39 Françaises dans ce cas. Et parmi elles, 35,9% se seraient lancé avec un premier film réalisé dans la même période, contre 25,9% d’hommes.

A l’image du Festival de Cannes jugé plus paritaire cette année, présentant en Compétition officielle 19% de films réalisés par des femmes (+5% en un an), et 42% de films portés par des réalisatrices dans la catégorie “Un Certain Regard” (+9% en un an). Ces résultats ont été salués en mai dernier par la Présidente du CNC, Frédérique Bredin, qui en a profité pour rappeler la nécessité de poursuivre les efforts : “c’est une grande avancée, mais il faut aller encore plus loin pour la parité et la diversité dans le cinéma”.

…Une rémunération et des financements toutefois bien plus faibles pour les femmes.

  • Le salaire horaire moyen des Françaises dans la production cinématographique est généralement inférieur à celui des hommes. C’est le cas dans la réalisation de longs métrages, où le salaire moyen d’une femme est d’environ 42% inférieur à celui de son homologue masculin. En travaillant dans l’administration de production, les femmes sont rémunérées environ à 39% de moins que les hommes.

  • En matière de distribution, l’effort consenti n’est pas le même. Sur la période de 2008-2017, les films d’initiative française réalisés par des femmes sont sortis en moyenne dans 118 salles en première semaine, contre 170 lorsque ceux-ci étaient réalisés par des hommes. Le coût moyen de distribution serait également inférieur d’environ 34% en moyenne pour un film réalisé par une femme.

Au regard de ce constat, le CNC dont la mission est de “financer les créateurs et de réguler les marchés du cinéma et de l’audiovisuel, comme de veiller à la santé de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel » a pris des mesures concrètes en faveur de la parité, telle que l’instauration d’un bonus de 15%. Mis en place en janvier 2019, il vise à récompenser les équipes de production qui compteraient au moins autant de femmes que d’hommes aux principaux postes d’encadrement (réalisateur, directeur photo, chef opérateur…). « Avec ce bonus, l’idée c’est de lancer une dynamique, de créer un levier pour accélérer le changement en incitant les équipes de tournages à être paritaires », a déclaré la présidente du CNC Frédérique Bredin lors du premier bilan présenté à la même période que le Festival de Cannes.

Nous avons fait volontairement court pour une publication pendant les Fêtes. Si vous souhaitez approfondir ces premières tendances, que vous vous interrogez sur les raisons qui ont participé à ces disparités, ou que vous êtes tout simplement curieux d’en savoir un peu plus sur la représentativité des femmes dans le cinéma, je vous invite à découvrir l’enquête Le cinéma, “une affaire de jeune fille” ? publiée la semaine prochaine dans TEMPO. Après promis, on lâchera vraiment les accès de nos comptes réseaux sociaux.

Bonnes Fêtes !